Chroniques
 
 
En lisant les journaux et autres livres sur la Russie, une question revient sans cesse, comme un boomerang : Les russes sont ils individualistes ou bien collectivistes?

En règle générale, on entends que toutes ces années d’idéologie soviétique ont foncièrement modifié le caractère de ses habitants et donc que les russes pensent en groupe…

Oui, mais d’autres, souvent plus au courant de l’air ambiant, vous rétorquent qu’aujourd’hui c’est la Russie, qu’hier c’était différent : A présent, les russes (surtout les jeunes) sont radicalement matérialistes et individualistes (comme ci ces deux-là allaient forcément ensemble).

Comment donc répondre à cette question? D’une manière nuancée, comme toujours dans l’inter-culturel.

Historiquement parlant, la Russie est un pays fortement communautariste, où les « communautés villageoises » avaient un grand poids. On les appelaient en russe « Ìèð », comme le monde. (La paix avant la révolution s’écrivait « Ìið »). Les terres appartenaient à la communauté et étaient divisées en parts égales . C’est sur ce terrain fertile que les bolchéviques ont eu peu de difficultés à disséminer leurs idées communistes. La taille du pays (31 fois la France) et la dureté du climat ont favorisé l’émergence d’un esprit de groupe, centré autour du village, ou plus précisément de la famille.

Néanmoins ce système, en réalité, n’était pas égalitaire puisque patriarcal et englobé dans un régime impérial où chacun avait un rang.

Parralèlement, la Russie a toujours été un pays de villes. Les villages comme on l’entend en Europe de l’Ouest existent peu. Encore une fois, l’immensité territoriale en est la raison. Donc, la vie citadine et ses différences inhérantes n’a rien de nouveau ici (à la différence de la France), historiquement parlant.

Le règne soviétique a bouleversé cet équilibre en surimposant une couche peuso-égalitaire, peuso-collectiviste. Les habitants n’ont pas eu le choix mais de travailler en équipe (collectiv’) et de suivre une pensé unique.

La fin de ce régime a, semble-t-il, déchiré cette couche collectiviste et égalitaire mais n’a pas altéré profondément les valeurs russes. La situation aujourd’hui est que le noyau central de la société russe reste la famille et l’équipe environnante au travail. L’état fait ce qu’il peut pour réinstaller un esprit patriotique tout en reconnaissant le droit à l’individualité...

Dans la vie quotidienne, tout ceci se traduit par un non respect évident de la collectivité (visitez des cages d’escalier) mais un respect très fort de son environment proche comme dans les appartements où l’on porte nécessairement des chaussons d’intérieur (Tapotchki).

En conclusion, c’est détritus à la ville et tapotchkis à la maison !
lundi 1 mai 2006
Détritus et Tapotchkis