Chroniques
 
 
L’autre jour, mes collègues me demandaient qu’elles étaient les choses qui m’étonnaient le plus ici, en Russie. J’ai donc commencé à écrire une petite liste au fur et à mesure de mes surprises. Tout ça à commencé en fait il y a plusieurs années, alors que je travaillais à St Petersbourg. J’étais étonné de voir la cuisinière à gaz toujours allumée, même si rien ne cuisait. J’ai compris lorsqu’on m’a expliqué que le gaz (première ressource naturelle en Russie) coûtait moins cher qu’une boîte d’allumettes! En fait, c’est toujours plus ou moins le cas aujourd’hui, ce qui explique le peu d’intérêt que les Russes (comme les Américains d’ailleurs) portent à la préservation des énergies fossiles...
Ce qui est étonnant aujourd’hui en Russie, c’est toujours le haut niveau de culture de la population ainsi que l’omniprésence de l’armée (à la télé, dans les rues, dans les journaux, etc.). Il n’est donc pas étonnant d’être assis dans le métro entouré d’un jeune homme lisant un magazine d’armement (comment nettoyer sa Kalashnikov en moins de cinq minutes...) et de l’autre coté d’une vieille dame lisant avec intérêt un livre de physique avec formules et schémas!
Pour ajouter à l’ébahissement, il suffit de sentir l’haleine de vodka de votre voisin d’escalator à 8 h. du mat pour être sûr d’être en Russie... Les vieilles qui surveillent le bon fonctionnement des escalators en bas, dans leur petite guérite, sont aussi plutôt surprenantes. Il paraît qu’elles sont là pour éventuellement arrêter l’engin en cas de problème... On a plutôt l’impression d’être surveillé par des retraitées du KGB!
 
Il y a aussi un leitmotiv qui vous renseigne rapidement sur votre point d’arrivée, c’est le papier toilette. Oui, le PQ. Au temps de l’URSS, le problème de “déficits” était symptomisé par le PQ. Outre le fait qu’il est d’une qualité bien trop affreuse pour la délicatesse de mon postérieur, c’est pour moi le symbole de ce pays. Vendu au rouleau sur les marchés, on ne le trouve jamais dans des toilettes publiques (ce pays a envoyé le premier homme dans l’espace quand même!). Il faut donc constamment penser à en emporter pour prendre le train, aller à l’université, pointer au travail, etc...
 
Dans la série des déficits les couteaux doivent aussi être cités. Je suis toujours étonné par le fait qu’il est TRES dificille de trouver un bon couteau “sdielano v Rossii” (fabr. en Russie). Tous les couteaux qui coupent un temps soit peu viennent en général de l’étranger. Mon Opinel “Tréfilunion” attire les convoitises! La Kalashnikov est l’arme légère la plus utilisée dans le monde, les jets Sukhoi sont les premiers à faire le coup du cobra, les orgues de Staline ont decimé les lignes allemandes pendant la guerre, mais il n’y pas de couteaux convenables! Va comprendre Charles...
 
Alors, fautes de couteaux, c’est à la scie qu’ils coupent la viande sur les marchés. Il faut dire que lorsqu’il gèle, les couteaux ne sont pas très pratiques pour couper un bloc de boeuf congelé... Enfin, ça fait toujours drôle quand on passe à coté.
 
Récemment, ce qui m’a le plus fait rire était sans doute le rayon légumes au supermarché. L‘offre de produits s’étoffe de plus en plus, alors on trouve de curieux légumes proposés aux clients moscovites: du soja, des avocats, des choux de Bruxelles, etc.. Et puis, au milieu de ça, emballés soigneusement un par un: des poireaux! Et oui, ici les poireaux c’est un peu comme pour nous de la Papaye: On connaît le nom, on sait vaguement à quoi ça ressemble mais on n’en a jamais goûté! Quelques jours plus tard, j’ai eu la surprise de voir que les endives avaient elles aussi droit à leur emballage séparé... J’attends la suite.
 
Enfin, dans la série les Russes ne sont pas comme nous, il y a leur façon de répondre. Une fois que vous parvenez à vous faire un peu comprendre dans leur langue de barbare (aie! Je rigole, oui Pouchkine est le plus grand des poêtes...), bref quand vous comprenez ce qu’ils disent, faites attention aux réponses des questions négatives. (Type: Tu n’as pas acheté de poireaux aujourd’hui?) Et bien, si ils répondent “non” cela veut dire”oui” (négation de la négation). Ca créé de drôles de situations, croyez-moi. Mieux vaut confirmer: “T’en as acheté, oui ou non?” Bref, compte tenu de la rareté des poireaux, en général ça veut dire qu’il y a encore des pommes de terre au menu ce soir...
 
Bon appétit!
 
Etonnant, non ?